Dossier documentaire – Dengue

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La dengue, aussi appelée «grippe tropicale», est une maladie infectieuse due à un arbovirus ; c’est-à-dire un virus transmis par un moustique (piqûres des femelles du genre Aedes). Ce moustique transmet également les virus du chikungunya, de la fièvre jaune et du Zika. Ces dernières décennies, la dengue est devenue source de préoccupation majeure pour la santé publique sur le plan international. Elle est largement répandue dans les régions tropicales et subtropicales de la planète avec des variations locales de risque surtout en fonction des précipitations, de la température et d’une urbanisation non maîtrisée. La forme hémorragique, nommée dengue sévère, a été reconnue pour la première fois dans les années 1950, au cours d’épidémies aux Philippines et en Thaïlande. Aujourd’hui, les pays d’Asie et d’Amérique latine sont les plus touchés et la dengue est devenue une importante cause d’hospitalisation et de mortalité pour les enfants et les adultes dans ces régions. (Source : OMS & Ministère de la Santé)

C’est en zones urbaines que sont décrites la majorité des épidémies de dengue. La maladie se transmet d’homme à homme par l’intermédiaire de moustiques du genre Aedes. Lors d’une piqûre, le moustique prélève le virus sur une personne infectée. Après une période d’incubation, le moustique est capable de transmettre le virus, à l’occasion d’une autre piqûre, à une personne saine. Il sera ainsi capable d’une telle transmission tout au long de sa vie et pourra même transmettre le virus à sa descendance. Quelques cas de transmission du virus de la mère à l’enfant ont été décrits dans la littérature mais il n’y a pas de transmission naturelle du virus directement d’homme à homme. Les personnes atteintes de la dengue ne sont pas contagieuses, ni par contacts, ni par le biais des postillons.

L’incidence mondiale de la dengue a fortement progressé au cours des cinq dernières décennies. Avant 1970, seuls 9 pays avaient connu des épidémies de dengue sévère. De nos jours, la maladie est endémique dans plus de 100 pays en Afrique, dans les Amériques, en Méditerranée orientale, en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental, ces 2 dernières régions étant les plus touchées. On estime aujourd’hui que la dengue est l’arbovirose la plus répandue dans le monde : Selon une estimation récente, on compterait 390 millions de cas de dengue par an, dont 96 millions présentent des manifestations cliniques. Une autre étude de la prévalence de la dengue estime que 3,9 milliards de personnes, dans 128 pays, soit environ la moitié de la population mondiale, sont exposées à l’infection par les virus de la dengue. On estime que, chaque année, 500 000 personnes atteintes de dengue sévère, dont une très forte proportion d’enfants nécessitant une hospitalisation. Environ 2,5% d’entre eux en meurent. Depuis 2010, on constate une augmentation du nombre de cas à mesure de la propagation à de nouvelles zones, la menace de flambée de dengue existe désormais en Europe. (Source : OMS)

De manière générale, on recommande de :

– Supprimer les gîtes larvaires de son environnement (éliminer correctement les déchets solides et enlever les habitats créés par l’homme, couvrir, vider et nettoyer toutes les semaines les conteneurs pour la conservation de l’eau domestique) ;

– Porter des vêtements longs (Aedes a une activité principalement diurne avec une recrudescence d’activité le matin et en fin de journée. C’est donc dans la journée qu’il faut se protéger.) ;

– Utiliser les répulsifs cutanés en respectant les précautions d’emploi, en particulier chez l’enfant et la femme enceinte ;

– Utiliser des moustiquaires de berceau chez le nouveau-né et le nourrisson ;

– Protéger l’habitat (moustiquaires, diffuseurs électriques, tortillons….) ;

– Protéger les malades en phase aiguë (utilisation de répulsifs, moustiquaires) dans la première semaine de la maladie, quand le virus est présent dans le sang, afin de réduire le risque de transmission à d’autres personnes.

Aucune mesure n’est efficace à 100% et c’est la somme de mesures individuelles et collectives qui permet de faire diminuer la transmission.

Originaire d’Asie du Sud-Est, d’où il a été diffusé d’Est en Ouest à la faveur du transport marchand, notamment le commerce de pneus usagés, Aedes albopictus (aussi appelé moustique tigre) est considéré comme l’espèce la plus invasive du monde. En Europe, il a d’abord été isolé en Albanie en 1979 puis en Italie depuis 1990. Il est implanté dans le Sud de la France depuis 2004 et s’étend progressivement depuis. En 2015, on observait 6 cas de dengue acquis et 127 cas importés en France hexagonale. Au 1er janvier 2019, cette espèce de moustique a été détectée dans 51 des 96 départements de France hexagonale. On le retrouve dans les Départements Français d’Amérique, dans l’Océan indien et dans le Pacifique. Le risque de déclenchement d’une épidémie de dengue à partir de cas importés en France métropolitaine est réel, le Ministère chargé de la Santé a donc élaboré, dès 2006, une circulaire nationale anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole. (Source : Santé Publique France & OMS)

Les départements et territoires français d’Amérique, de l’Océan Indien, et d’Océanie doivent ainsi faire face à des risques épidémiques nettement plus élevés de façon régulière. Cette situation a fait l’objet de mesures spécifiques pour ces territoires et sont formalisées au sein de documents qui leur sont propres : les Programmes de Surveillance, d’Alerte et de Gestion des Epidémies de dengue (PSAGE). (Source : Santé Publique France).

De janvier 2019 au 17 février 2020, un total de 487 cas confirmés de dengue, sans aucun cas sévère ni décès, ont été notifiés. Les communes les plus touchées étaient celles de Kourou, sur la côte, avec 225 cas confirmés, et de Maripasoula, dans la partie Sud-Est de la Guyane française, avec 55 cas confirmés. À l’exception des années 2017 et 2018, des cas de dengue sont signalés chaque année. La flambée la plus importante et la plus récente date de 2013 et s’est soldée par 13 240 cas présumés dont six décès. (Source : OMS)

La dengue est une maladie généralement bénigne (dont l’issue est rarement fatale) bien qu’invalidante, mais qui peut se compliquer sous des formes hémorragiques (environ 1% des cas symptomatiques). On distingue 4 sérotypes du virus responsable de la dengue. L’infection par une de ces 4 formes de virus immunise la personne contre celle-ci, mais pas contre les 3 autres. Ainsi, une personne peut connaître jusqu’à 4 infections avant d’être protégées contre les 4 types mais il semblerait que des infections ultérieures par d’autres sérotypes accroissent le risque de complication hémorragique (forme sévère). La suspicion de dengue apparaît en présence d’une forte fièvre (40°C), accompagnée de 2 des symptômes suivants: sensation de courbatures intenses, douleurs au niveau des globes oculaires et d’une fatigue générale. Les symptômes perdurent en général de 2 à 7 jours et apparaissent à la suite d’une période d’incubation de 4 à 10 jours après la piqûre d’un moustique infecté. La guérison s’accompagne en général d’une convalescence d’une quinzaine de jours.

La dengue sévère est quant à elle une complication potentiellement mortelle. Les signes d’alerte surviennent de 3 à 7 jours après les premiers symptômes, on peut alors observer : des douleurs abdominales sévères, des vomissements persistants, une hyperpnée (augmentation de l’amplitude des mouvements respiratoires), des saignements des gencives, de la fatigue, une agitation, du sang dans les vomissures. Chez les enfants de moins de 15 ans en particulier, la forme hémorragique peut évoluer vers un syndrome de choc, la mort peut survenir dans les 24 à 48 heures suivantes de cette phase critique. Une prise en charge médicale adaptée est alors nécessaire pour éviter le risque de décès. (Source : Santé Publique France & OMS)

En amont ou dans le cadre d’une épidémie, la lutte anti-vectorielle (LAV) est le seul moyen de lutter collectivement contre la transmission autochtone du virus. Elle consiste à : supprimer les gîtes larvaires (mesure préventive) à l’intérieur et autour de son habitat et effectuer un traitement contre les moustiques adultes (mesure curative). La destruction mécanique des gîtes larvaires est la plus efficace et nécessite une forte mobilisation des populations. La lutte anti-vectorielle chimique, basée sur des insecticides chimiques ou biologiques ne peut être réalisée que par des professionnels autorisés par le préfet et n’est utilisée, autant que possible, qu’en cas de circulation virale (épidémie), de nuisances très importantes ou d’implantation de vecteur dans une nouvelle zone géographique limitée où l’éradication est encore possible. (Source : Santé Publique France)

Il n’existe pas de traitement spécifique de la dengue. Les antalgiques prescrits en général sont ceux à base de paracétamol. En raison du risque hémorragique au cours de cette infection virale, il  convient de renoncer à la prise d’aspirine et d’anti-inflammatoires. L’efficacité des substances à base de plantes n’a jamais été démontrée. Il est donc fortement conseillé de consulter au plus vite un médecin qui pourra confirmer le diagnostic par des tests sanguins. Il décidera d’une hospitalisation devant tout signe de gravité.

Toutefois, en attendant une consultation, des mesures simples peuvent être suivies :

– Boire beaucoup d’eau

– Prendre du paracétamol en respectant les doses et les conseils d’utilisation indiqués dans la notice ;

– Se rendre à l’hôpital sans délai devant l’apparition de tout signe hémorragique.

Fin 2015 et début 2016, le premier vaccin contre la dengue, Dengvaxia (CYD-TDV), mis au point par le laboratoire Sanofi Pasteur, a été enregistré dans plusieurs pays en vue d’une utilisation chez des personnes âgées de 9 à 45 ans vivant dans des zones d’endémie. L’OMS recommande aux pays d’envisager l’introduction du vaccin contre la dengue CYD-TDV uniquement dans les zones géographiques (nationales ou infranationales) où les données épidémiologiques indiquent une forte charge de morbidité due à cette maladie. L’efficacité du vaccin (d’environ 59,2%), varie en fonction du sérotype, en fonction de l’âge lors de la vaccination, et en fonction du statut sérologique de départ. Le vaccin est plus efficace quand le sujet a été précédemment exposé au virus de la dengue et son utilisation réduit surtout le risque de formes graves et d’hospitalisation. Chez les moins de neuf ans, il ne réduit pas le risque d’hospitalisation lié au virus. C’est pour cette raison que le vaccin est recommandé chez les plus de 9 ans alors que ce sont les jeunes enfants qui développent le plus souvent les formes graves. Le Haut Comité pour la Santé Publique (HCSP) a déjà émis un avis pour la Guyane, la Réunion et les Caraïbes, alors même que le vaccin n’a pas d’autorisation de mise sur le marché en Europe :  il s’est prononcé en défaveur de son utilisation, compte tenu du fait que 80% de la population y est déjà infectée, que l’efficacité du vaccin est modérée et que sa tolérance à moyen et long terme n’a pas encore été évaluée. (Source : INSERM). D’autres vaccins sont actuellement en cours de mise au point et l’OMS donne des avis techniques et des orientations aux pays et aux partenaires privés pour soutenir la recherche sur les vaccins et leur évaluation. (Source : OMS)

Recommandations

Dengue hémorragique: diagnostic, traitement, prévention et lutte – Organisation mondiale de la santé (OMS) (2009)

Dengue et chikungunya : mesures pour la sécurité transfusionnelle et des greffes – Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) (Juin 2019)

Accès précoce avant l’AMM du vaccin contre la dengue dans les Territoires français d’Amérique (TFA) – Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) (octobre 2016)

Publications

Dengue et dengue sévère – principaux faits – Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (Mars 2020)

La dengue : information et prévention – Ministère de la Santé (Aout 2019)

Dengue – Dossier Inserm (Novembre 2017)

Dossier Dengue – ARS Guyane (Janvier 2019)

Dengue – Dossier thématique – Santé Publique France (Octobre 2019)

La lutte antivectorielle en France – Dengue – Institut de Recherches pour le Développement (IRD) (2009)

Organisme de référence

Dossier Dengue – Institut Pasteur (Janvier 2020)